l’âme injuste à traîner avec elle cette impiété partout où elle séjournera dans ce monde et pendant ses courses errantes sous cette terre, [335c] fournissant partout la carrière la plus honteuse et la plus misérable. J’avais convaincu Dion de cette vérité et d’autres semblables, et j’aurais bien lieu de me plaindre également et de ceux qui l’ont assassiné et de Denys : ils m’ont porté à moi et à l’humanité tout entière pour ainsi dire le coup le plus funeste ; les uns en massacrant un homme qui voulait mettre la justice en pratique, l’autre en refusant de la pratiquer [335d] dans tout le cours de son règne avec une puissance immense, lorsque, s’il eût uni la puissance et la véritable philosophie, il aurait donné au monde entier, aux Grecs et aux Barbares, une preuve éclatante qu’il n’y a de bonheur ni pour un État ni pour un individu que dans une vie réglée par la sagesse et la justice, que ces vertus soient le fruit de nos propres efforts, ou des soins et de l’éducation [335e] de chefs vertueux. Voilà le mal qu’a fait Denys : les autres malheurs ne sont rien en comparaison de celui-là. L’assassin de Dion ne savait pas qu’il faisait précisément le même mal que Denys. À l’égard de Dion, je suis sûr, autant qu’un homme peut l’être des dispositions d’un homme, que s’il avait conservé la souveraine puissance, il n’aurait jamais tenté d’introduire une autre [336a] forme de gouvernement que celle qu’il donna à Syracuse lorsqu’après l’avoir délivrée de la servitude, il l’établit, dans la splendeur d’un gouvernement libéral. Ensuite il aurait mis tous ses soins à lui donner une législation sage et appropriée aux besoins de ses habitants, à repeupler la Sicile, et à l’affranchir du joug des Barbares en chassant les uns et en soumettant les autres bien plus aisément que Hiéron ne l’avait fait. Si ces desseins avaient été réalisés par un homme juste, [336b] brave, tempérant, philosophe, la vertu
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LETTRE VII.