Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/970

Cette page n’a pas encore été corrigée

drons-nous pour créer des censeurs ? Où trouver des hommes capables de faire rendre compte aux autres de leur administration ? S’il arrive que des magistrats accablés sous le poids de leur charge, ou n’ayant pas les forces suffisantes pour la soutenir, rendent quelque sentence ou commettent quelque action injuste ; quelque difficile qu’il soit de rencontrer un homme que la supériorité de sa vertu rende digne de veiller sur leur conduite, il faut néanmoins, à quelque prix que ce soit, essayer de découvrir quelques-uns de ces hommes divins. Telle est en effet la nature des choses : dans un gouvernement, comme dans un vaisseau ou dans un animal, il y a différens ressorts dont aucun ne saurait être attaqué sans entraîner une dissolution complète. Ces ressorts, dont la destination est la même, s’appellent de divers noms, selon les diverses choses auxquelles ils appartiennent : ici câbles et ceintures[1], là nerfs et tendons. Mais entre tous les ressorts d’où dépend le salut ou la perte d’un État, celui dont nous parlons n’est pas le moindre. Car si ceux qui font rendre compte aux magistrats sont meilleurs qu’eux, et s’ils montrent dans l’exercice de la censure une équité au-dessus de tout reproche, toute la cité avec son

  1. Pièces de bois qui ceignaient le corps des vaisseaux et en soutenaient la charpente. Athénée, V. Vitruve, X, 21, 6.