leurs plaisanteries sur les citoyens ne sont point dictées par la colère ? Ou plutôt distinguant deux sortes de plaisanteries, l’une badine, l’autre sérieuse, ne permettrons-nous point à un citoyen de badiner agréablement et sans colère sur un autre, nous bornant à défendre toute personnalité inspirée par la colère, comme nous venons de le dire ? Pour ce dernier point, il ne le faut nullement révoquer : mais réglons par nos lois quels sont ceux à qui la pure plaisanterie sera permise ou défendue. Nous interdisons à tout poète, faiseur de comédies, d’iambes ou d’autres pièces de vers, de tourner aucun citoyen en ridicule, ni ouvertement, ni sous des emblèmes, soit que la colère ait part ou non à ces railleries ; et nous voulons que les magistrats qui président aux spectacles, chassent de l’État dans le jour même les infracteurs de cette loi, sous peine de trois mines d’amende, qui seront consacrées au dieu en l’honneur duquel les jeux se célèbrent. Quant aux plaisanteries permises, nous voulons toujours que la colère en soit bannie, et que ce ne soit qu’un jeu : pour peu qu’il s’y mêle de passion et de colère, nous l’interdisons. Le discernement de ces sortes de railleries appartiendra au magistrat chargé de l’éducation de la jeunesse. On pourra rendre public ce qu’on aura fait en ce genre, si
Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/954
Cette page n’a pas encore été corrigée