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est naturel que Dieu entende les malédictions dont un père ou une mère chargent leurs enfans lorsqu’ils s’en voient méprisés, ne doit-on pas croire que, quand pleins de joie à la vue des honneurs qu’ils en reçoivent, ils adressent aux dieux des vœux ardens pour la prospérité de ces mêmes enfans, leurs prières ne sont pas moins efficaces pour le bien que pour le mal ? Si la chose n’était pas ainsi, les dieux ne seraient point équitables dans la distribution des biens ; ce qui, selon nous, est infiniment éloigné de leur nature.

CLINIAS.

Sans contredit.

L’ATHÉNIEN.

Mettons-nous dans la pensée ce que je disais tout à l’heure, qu’il n’est point de statue plus vénérable aux yeux des dieux qu’un père, un aïeul, courbés sous le poids des années, et qu’une mère est également puissante auprès d’eux ; que la divinité prend plaisir aux honneurs qu’on leur rend, puisque autrement elle n’exaucerait pas les vœux qu’ils lui adressent. Ces statues vivantes de nos ancêtres ont un merveilleux avantage sur les statues inanimées. Les premières, lorsque nous les honorons, joignent leurs prières aux nôtres, et nous maudissent quand nous les outrageons : au lieu que les secondes ne font ni