à se persuader qu’il n’existe point de dieux, tels que la loi prescrit d’en reconnaître. De là les séditions, chacun tendant de son côté vers l’état de vie conforme à la nature, lequel consiste au fond à se rendre supérieur aux autres par la force, et à secouer le joug de toute subordination établie par les lois.
Quelle doctrine, Étranger, tu viens de nous exposer ! Combien est funeste aux États et aux familles une jeunesse ainsi corrompue !
Tu dis vrai, Clinias. Que crois-tu donc que doive faire le législateur en présence d’ennemis ainsi préparés depuis long-temps à le recevoir ? Suffit-il que debout, au milieu de la cité, il menace tous les citoyens s’ils ne reconnaissent l’existence des dieux et ne se les représentent tels que la loi les représente ; qu’il tienne le même langage sur le juste, l’honnête, en un mot sur les objets les plus importans et sur tout ce qui a rapport à la vertu et au vice, déclarant qu’il faut s’en former l’idée que le législateur en a donnée dans ses lois et s’y conformer dans la pratique ; suffit-il, dis-je, qu’il menace, si l’on refuse d’obéir aux lois, l’un de la mort, l’autre du fouet et de la prison : celui-ci de l’ignominie, celui-là de l’indigence et de l’exil, sans joindre