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passant. De plus, il n’y a presque point d’homme qui réunisse en soi les talens nécessaires pour exceller en deux arts ou en deux professions, ni même pour exercer avec succès un art par lui-même et diriger quelqu’un dans un autre. Sur ce principe, il faut que la loi suivante soit fidèlement observée chez nous : qu’aucun ouvrier en fer ne travaille en même temps en bois ; pareillement qu’aucun ouvrier en bois n’ait sous lui des ouvriers en fer dont il conduise le travail en négligeant le sien, sous prétexte qu’ayant à surveiller un grand nombre d’esclaves qui travaillent pour lui, il est naturel qu’il leur donne sa principale attention, parce que leur métier lui est d’un plus grand rapport que le sien propre; enfin que chacun n’ait dans l’État qu’un seul métier d’où il tire sa subsistance. Les astynomes veilleront avec le plus grand soin à ce que cette loi soit maintenue dans toute sa force. S’ils s’aperçoivent que quelque citoyen néglige l’étude de la vertu pour se livrer à quelque métier que ce puisse être, qu’ils l’accablent de reproches et de traitemens ignominieux, jusqu’à ce qu’ils l’aient ramené dans la bonne route; quant aux étrangers, si quelqu’un d’eux exerce deux métiers à la fois, qu’ils le condamnent à la prison, à des amendes pécuniaires, qu’ils le chassent même de la cité, et le forcent par la crainte