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celui qu’il convoite. Au lieu que celui qui se met peu en peine de l’amour du corps, et qui en contemple la beauté des yeux de l’ame plutôt qu’il ne la désire, transporté d’un amour légitime pour l’ame de son ami, croirait commettre un outrage s’il assouvissait sur son corps la passion du corps, et plein d’estime et de respect pour la tempérance, la force, la magnanimité et la sagesse, il voudrait que son commerce avec le chaste objet de son amour n’eût jamais rien que de chaste. Tel est l’amour composé des deux autres amours, celui que nous avons compté tout-à-l’heure pour le troisième. Les choses étant ainsi, la loi doit-elle condamner également ces trois sortes d’amours, et nous défendre d’y donner entrée dans notre cœur ? Ou plutôt n’est-il pas évident que nous introduirions volontiers dans notre république l’amour fondé sur la vertu, lequel n’aspire qu’à rendre aussi parfait que possible le jeune homme qui en est l’objet, et qu’autant qu’il dépendrait de nous, nous interdirions tout accès aux deux autres ? Qu’en penses-tu, mon cher Mégille ?

MÉGILLE.

Étranger, tout ce que tu viens de dire sur ce sujet me paraît très sensé.

L’ATHÉNIEN.

Aussi m’étais-je flatté que tu serais de mon