On doit l’attribuer à deux autres causes qui sont suffisantes pour produire cet effet.
Quelles sont-elles ?
La première est cet amour des richesses, qui ne laisse à personne le loisir de s’occuper d’autre chose que de sa propre fortune, de sorte que l’ame de chaque citoyen étant suspendue tout entière à cet objet ne peut penser qu’au gain de chaque jour. Ils sont donc tous très disposés à apprendre et à cultiver en leur particulier toute science, tout exercice qui peut les enrichir, et ils se moquent de tout le reste. C’est là une des raisons qui font qu’on ne montre nulle part aucune ardeur pour les exercices dont j’ai parlé, ni pour aucun autre exercice honnête, tandis que, pour satisfaire le désir insatiable de l’or et de l’argent, on embrasse volontiers tous les métiers, tous les moyens, sans prendre garde s’ils sont honnêtes ou non, pourvu qu’ils nous enrichissent ; et qu’on se porte sans répugnance à toute action légitime ou impie, même aux plus infâmes, dès qu’elles nous procurent, comme aux bêtes, l’avantage de manger et de boire autant qu’il nous plaît, et de nous plonger dans les plaisirs de l’amour.