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diées. L’ignorance absolue n’est pas le plus grand des maux ni le plus à redouter ; beaucoup de connaissances mal digérées est quelque chose de bien pis.

CLINIAS.

Tu as raison.

L’ATHÉNIEN.

Disons donc qu’il faut que tout homme libre apprenne [819b] de ces sciences ce que les enfants en Egypte[1] en apprennent tous sans distinction avec les premiers éléments des lettres. D’abord on a trouvé le moyen d’apprendre le calcul aux enfants en jouant et en les amusant ; par exemple, on partage également, tantôt entre plus tantôt entre moins de leurs camarades, un certain nombre de pommes ou de couronnes ; on leur distribue successivement et par la voie du sort dans leurs exercices de lutte et de pugilat, les rôles de lutteur pair et impair[2]. Quelquefois aussi en mêlant ensemble de petites fioles d’or, d’argent, d’airain [819c] et d’autres matières semblables, ou en les distribuant, comme je l’ai dit plus haut, on les oblige en jouant de recourir à la science des nombres. Ces passe-temps les mettront en état pour la suite de bien disposer un

  1. Sur l’éducation des jeunes Égyptiens, voyez Diodore de Sicile, I, 81.
  2. Voyez Gronovius, Thés. Antiq. Gr., t. 8, p. 1891.