Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/544

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

anciennes leçons, celles des manuscrits, qu’une critique superficielle écarte, qu’une critique supérieure rétablit presque toujours. Je dois aussi faire remarquer l’excellente ponctuation de Bekker, qui tient lieu d’une explication perpétuelle au milieu des difficultés sans nombre de celui des écrits de Platon dont le style embarrasse le plus un lecteur moderne. Je ne connais pas en effet de dialogue où Platon ait plus prodigué le laisser aller de la conversation ; et comme c’est ici le premier jet de l’auteur qui n’a pas eu le temps de retoucher son ouvrage, on peut y prendre en quelque sorte sur le fait l’artifice et le caractère particulier de sa composition et de son style. Il paraît que Platon écrivait comme on cause, d’après un plan arrêté sans doute, mais qu’il suivait avec liberté, les yeux fixés sur le but, mais en se livrant avec une aisance supérieure aux divers points de vue que lui ouvraient les hasards de la conversation. De même, dans le détail du style, chaque phrase est un tout ordonné, mais un tout vivant, dont les diverses parties se suivent et s’enchaînent, mais de cette suite et de cet enchaînement naturels, et non systématiques, que prend la conversation entre des gens de bonne compagnie, où chacun parle à merveille, mais sans s’écouter : or, dans ce cas, on est tout entier à sa pensée, et non à la forme de cette pensée, et on ne s’inquiète pas de bien des