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CLINIAS.

Parle.

L’ATHÉNIEN

Je vois qu’ a l’égard des hommes tout se réduit à trois sortes de besoins et d’appétits, que de leur bon usage naît la vertu, et le vice de l’usage [782e] contraire. Les deux premiers de nos besoins et de nos appétits sont ceux du boire et du manger ; ils naissent avec nous, et produisent dans tout animal un certain désir naturel, plein d’impétuosité, incapable d’écouter quiconque dirait qu’il faut faire autre chose que contenter l’inclination et le plaisir qui nous portent vers ces objets et se délivrer en toute rencontre du tourment qui nous presse. Le troisième [783a] et le plus grand de nos besoins, comme aussi le plus vif de nos désirs, est celui de la propagation de notre espèce : il ne se déclare qu’après les autres ; mais à son approche l’homme est saisi des accès d’une fièvre ardente, qui le transporte hors de lui-même et le consume d’une ardeur effrénée. Il faut, en détournant l’homme de ce qu’on appelle le plaisir et en le dirigeant vers la vertu, essayer de maîtriser ces trois maladies par les trois plus puissants remèdes, la crainte, la loi et la droite raison, tandis que les Muses et les dieux [783b] qui président