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cevoir, cette habileté misérable, qui ne sert qu’à tromper les autres, comme nous le voyons dans les Égyptiens, les Phéniciens et beaucoup d’autres nations, devenues ce qu’elles sont par la bassesse de leurs autres professions et des voies qu’elles prennent pour s’enrichir, soit qu’on doive en attribuer la faute à quelque législateur peu clairvoyant, ou à quelque accident fâcheux, ou au naturel de ces peuples. En effet, Mégille et Clinias, il ne faut pas oublier l’influence des lieux, et que certains pays sont plus propres que d’autres à produire des hommes meilleurs ou pires. La législation ne doit pas se mettre en contradiction avec la nature. Ici des vents de toute espèce et des chaleurs excessives disposent à la bizarrerie du caractère et à l’emportement ; là, ce sont des eaux surabondantes ; là encore la nature des alimens que fournit la terre, alimens qui n’influent pas seulement sur le corps pour le fortifier ou l’affaiblir, mais aussi sur l'âme pour y produire les mêmes effets. De toutes ces contrées, les plus favorables à la vertu sont celles où règne je ne sais quel souffle divin, et qui sont tombées en partage à des démons, qui accueillent toujours avec bonté ceux qui viennent s’y établir. Il en est d’autres où le contraire arrive. Le législateur habile aura égard dans ses lois à ces différences,