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d’être les plus clairvoyans, afin qu’il ne leur échappe rien de ce qui se pourrait faire en fraude de la loi, et qu’ils punissent le coupable qui contrevient aux ordres du législateur et du dieu. Au reste, pour me servir de l’ancien proverbe, jamais aucun méchant ne comprendra combien ce règlement, avec les autres qu’il amène à sa suite, est avantageux pour un État qui le pratique fidèlement : il faut pour cela en avoir fait l’épreuve, et avoir beaucoup de modération dans le caractère. En effet, la passion de s’enrichir va mal avec une pareille disposition ; et il en résulte qu’aucune des voies basses et sordides de faire fortune n’est ni légitime ni permise, rien n’étant plus opposé à la noblesse des sentimens que les professions mécaniques et serviles, et qu’il faut tenir au-dessous de soi d’amasser du bien par de semblables moyens.

Cette loi est naturellement suivie d’une autre, qui défend à tout particulier d’avoir chez soi ni or ni argent ; mais comme il est nécessaire d’avoir une monnaie pour les échanges journaliers, soit pour payer aux ouvriers le prix de leurs marchandises et pour d’autres usages semblables, soit pour donner le salaire aux mercenaires, aux esclaves, aux fermiers, on aura à cet effet une monnaie courante dans le pays, mais