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de lui-même[1] ; que, semblable à une fontaine, il laisse couler tout ce qui lui vient à l’esprit, et que son art n’étant qu’une imitation, lorsqu’il peint les hommes dans des situations opposées, il est souvent obligé de dire le contraire de ce qu’il a dit, sans savoir [719d] de quel côté est la vérité. Mais le législateur ne peut dans ses lois tenir deux langages différents sur la même chose, et n’en doit avoir qu’un seul. Juges-en par ce que tu as dit il n’y a qu’un instant au sujet des sépultures. Quoiqu’il y en ait de trois sortes, une somptueuse, une pauvre, et une autre qui tient le milieu entre la première et la seconde, tu t’es arrêté à cette dernière pour la prescrire et l’approuver. Pour moi, si j’introduisais dans mes vers une femme opulente qui ordonnât l’appareil de ses funérailles, [719e] je la ferais parler d’une sépulture magnifique ; si c’était un homme pauvre et économe, il choisirait la sépulture pauvre ; enfin celui dont la fortune ainsi que les désirs seraient modérés, s’en tiendrait à la sépulture médiocre. Toi, tu ne veux qu’une sépulture médiocre, mais ce n’est pas l’expliquer suffisamment : il faut dire ce que tu entends par là et quelles bornes précises tu y mets. Autrement

  1. Voyez l’lonet le Phèdre.