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L’ATHÉNIEN.

Je le veux croire. Il me vient pourtant à la pensée qu’il est ordinaire à l’homme, lorsqu’il voit quelque chose de grand, de fort, de puissant, de s’imaginer aussitôt que si celui qui en est le maître savait s’en servir comme il faut, il ferait une infinité de choses admirables, et parviendrait au comble du bonheur.

[687a] MÉGILLE.

A-t-on tort de s’imaginer cela ? Explique-toi.

L’ATHÉNIEN.

Examine ce qui peut autoriser à se former une pareille idée d’une chose : et d’abord, pour nous renfermer dans le sujet que nous traitons, comment, si les chefs de cette armée en avaient su faire l’usage convenable, tout aurait-il réussi au mieux ? Le moyen n’était-il pas de donner à leur armée un établissement solide, et de la maintenir sur le même pied, de manière à assurer leur indépendance, à subjuguer les peuples qu’ils auraient voulu, et à faire tout ce qu’ils auraient désiré chez [687b] les Grecs et chez les Barbares, eux et leurs descendants ? N’était-ce pas là le fond de leurs désirs ?

MÉGILLE.

Oui.