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se quitteraient meilleurs amis qu’auparavant ?

CLINIAS.

J’en conviens, pourvu qu’on y observe un jour les règlements que tu viens de marquer.

L’ATHÉNIEN.

Ne condamnons donc plus sans restriction cet usage des présents de Bacchus, comme s’il était absolument mauvais, et qu’on dût le proscrire de tous les États. Il y aurait même encore bien des choses à dire en sa faveur, et je n’oserais parler à la foule du plus grand bien que ce Dieu procure, parce que les hommes s’en forment une idée peu juste, [672b] et prennent mal ce qu’on en dit.

CLINIAS.

De quoi s’agit-il ?

L’ATHÉNIEN.

C’est une opinion et un bruit vulgaire que Junon, la marâtre de Bacchus, lui a ôté[1] la raison ; que, pour se venger d’elle, il a inventé les orgies et toutes ces danses extravagantes ; et que c’est dans cette vue qu’il nous a fait présent du vin. Pour moi, je laisse ce langage à ceux qui croient pouvoir dire en sûreté de pareilles choses

  1. Euripide, le Cyclope’', 3 ; Apollodore, III, 5, avec les observations de Heyne.