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la vue sur ces deux tableaux, celui de l’injustice lui paraît charmant, et celui de la justice insupportable ; mais que le juste, les regardant à son tour, en porte un jugement tout opposé.

CLINIAS.

Cela doit être.

L’ATHÉNIEN.

De ces deux jugements, quel est le plus conforme à la vérité, celui de l’âme dépravée, ou celui de l’âme saine ?

[663d] CLINIAS.

Il est évident que c’est le second.

L’ATHÉNIEN.

Il est donc évident aussi que la condition de l’injuste, outre qu’elle est plus honteuse et plus criminelle, est dans la réalité plus fâcheuse que celle de l’homme juste et vertueux.

CLINIAS.

Tu as bien l’air d’avoir raison.

L’ATHÉNIEN.

Et quand cela ne serait pas aussi certain que la raison vient de nous le démontrer, si un législateur tant soit peu habile s’est cru quelquefois permis de tromper les jeunes gens pour leur avantage, fut-il jamais un mensonge [663e] plus utile que celui-ci, et plus propre à les porter d’eux-