Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ce que tu as dit précédemment de l’éducation, et de ce que tu viens d’y ajouter.

L’ATHÉNIEN.

J’en suis ravi. Cette discipline du plaisir et de la douleur, qui constitue l’éducation, se relâche ensuite et se corrompt en bien des points dans le cours de la vie. Mais les Dieux, [653d] touchés de compassion pour le genre humain, condamné par sa nature au travail, nous ont ménagé des intervalles de repos dans la succession régulière des fêtes instituées à leur honneur ; ils ont voulu que les Muses, Apollon leur chef, et Bacchus, les célébrassent de concert avec nous, afin qu’avec leur secours nous pussions réparer dans ces fêtes les pertes de notre éducation. Voyez donc si ce que je prétends ici est vrai, et pris dans la nature. Je dis qu’il n’est presque aucun animal qui, lorsqu’il est jeune, puisse tenir son corps ou sa langue dans un état tranquille, [653e] et ne fasse sans cesse des efforts pour se mouvoir et pour crier ; aussi voit on les uns sauter et bondir, comme si je ne sais quelle impression de plaisir les portait à danser et à folâtrer, tandis que les autres font retentir l’air de mille cris différents. Mais aucun animal n’a le sentiment de l’ordre ou du désordre dans les mouvements, et de ce que nous appelons mesure et harmonie, tandis