être suis-je plus à même que vous de savoir ce qu’on en dit dans les autres pays. En effet, quelque sages que puissent être vos autres lois, une des plus belles est celle qui interdit aux jeunes gens la recherche de ce qu’il pourrait y avoir dans les lois de bon ou de défectueux, et qui leur ordonne au contraire de dire tout d’une voix et de concert qu’elles sont parfaitement belles, ayant des Dieux pour auteurs, et de ne point écouter quiconque tiendrait en leur présence un autre langage, permettant aux vieillards seulement de proposer leurs réflexions aux magistrats et à ceux de leur âge, en l’absence des jeunes gens.
Tu as parfaitement raison, étranger. Malgré l’éloignement, tu as conjecturé à merveille, comme un devin habile, l’intention du législateur quand il fit cette loi ; et il me semble que tu n’en dis rien que de vrai.
Puis donc qu’il n’y a point de jeune homme présent à cet entretien, et que notre âge nous donne droit d’user de la permission du législateur, nous ne pécherons point contre sa loi en nous communiquant seuls à seuls nos pensées sur cette matière.