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CLINIAS.

C’est encore avec beaucoup de raison que tu me fais cette demande ; oui, les États sont absolument à cet égard dans le même cas que les particuliers. En effet, partout où les bons citoyens ont l’avantage sur les méchants, qui font le grand nombre, on peut dire d’un tel État qu’il est supérieur à lui-même, et une pareille victoire mérite à juste titre les plus grands éloges : c’est le contraire partout où le contraire arrive.

L’ATHÉNIEN.

N’examinons pas, pour le présent, s’il se peut faire quelquefois que le mal soit supérieur au bien, cela nous mènerait trop loin. Je comprends ta pensée : tu veux dire que dans un État composé de citoyens formant entre eux une espèce de famille, il arrive quelquefois que la multitude des méchants, venant à se réunir, met la force en usage pour subjuguer le petit nombre des bons ; que, quand les méchants ont le dessus, on peut dire avec raison que l’État est inférieur à lui-même et mauvais ; qu’au contraire, lorsqu’ils ont le dessous, il est bon, et supérieur à lui-même.

CLINIAS.

Il est vrai qu’au premier abord cela paraît étrange à concevoir ; cependant il faut de