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à cet égard que l’arc et la flèche. Ces institutions au reste ont été faites en vue de la guerre ; il me paraît même que dans toutes les autres, notre législateur ne s’est point proposé d’autre fin que celle là. Car il semble que ce qui l’a déterminé à établir les repas en commun, c’est qu’il a remarqué que chez tous les peuples, lorsque les troupes sont en campagne, le soin de leur propre sûreté les oblige à prendre leurs repas en commun tout le temps que la guerre dure. Et en cela il a voulu condamner l’erreur de la plupart des hommes, qui ne voient pas qu’il y a entre tous les États une guerre toujours subsistante ; et qu’ainsi, puisqu’il est nécessaire pour la sûreté publique, en temps de guerre, que les citoyens prennent leur nourriture ensemble, et qu’il y ait des chefs et des soldats toujours occupés à veiller à la défense de la patrie, cela n’est pas moins indispensable durant la paix : qu’en effet ce qu’on appelle ordinairement paix n’est tel que de nom, et que, dans le fait, sans qu’il y ait aucune déclaration de guerre, chaque État est naturellement toujours armé contre tous ceux qui l’environnent. En considérant la chose sous ce point de vue, tu trouveras que le plan du législateur des Crétois, dans toutes ses institutions publiques et parti-