Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/892

Cette page n’a pas encore été corrigée

est bon à un malade de prendre une potion quand il en a besoin, il doit en boire autant que possible, et s'en trouverait à merveille si on lui broyait toute une charretée d'ellébore pour la lui faire prendre. — Sans nul doute, Euthydème, pourvu que le malade [299c] fût aussi grand que la statue de Delphes. — Et s'il est bon, continua Euthydème, de s'armer dans la guerre, ne faut-il pas avoir le plus possible de javelots et de boucliers, puisque c'est un bien ? — J'en suis persuadé, dit Ctésippe ; mais toi, Euthydème, tu ne le crois pas, et tu ne prends qu'un seul bouclier et un seul javelot ? — Oui, dit-il. — Armerais-tu ainsi Géryon et Briarée ? Vraiment, Euthydème, je t'avais cru plus d'expérience ainsi qu'à ton compagnon, puisque vous êtes maîtres d'armes.

Euthydème se tut, mais Dionysodore [299d] interrogea Ctésippe sur ce qu'il avait répondu à la question antérieure. Te semble-t-il que ce soit un bien que d'avoir de l'or ? — Sans doute, répondit Ctésippe, et beaucoup. — Et n'es-tu pas persuadé qu'il faut avoir toujours et partout les bonnes choses ? — Oui, et très fort. — Or tu avoues que l'or est un bien ? — Oui, je l'ai avoué. — Il faut donc l'avoir toujours et partout, et surtout avec soi ? Ainsi celui-là serait le plus heureux [299e] qui aurait trois talens d'or dans