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car un si grand philosophe ne pouvait ignorer celui du Gorgias.

« Ἄκουε δὴ, φασὶ, μάλα καλοῦ λόγου. »

Socrate, qui s’attache au fond des mythes sans s’arrêter à l’extérieur, dit que, dans sa pensée, ce récit est vrai, mais que pour Calliclès ce n’est qu’une fable.

Les philosophes ne reconnaissent qu’une cause suprême de toutes choses, qui a donné naissance à toute la nature, et à laquelle ils n’ont pu imposer un nom. Mais cette cause unique ne dirige pas immédiatement les choses de ce monde ; il serait contre l’ordre que nous fussions gouvernés par la cause première elle-même. Autant la cause est supérieure à l’effet, autant l’effet est inférieur à la cause. Il faut donc que la cause première agisse sur des puissances supérieures à l’humanité, et qu’à leur tour celles-ci nous atteignent; car nous sommes le dernier degré de l’univers.

Il devait en être ainsi, afin que le monde ne fût pas imparfait. Il y a donc d’autres puissances supérieures que les poètes appellent chaîne d’or, à cause de leur continuité.

La puissance première est l’intelligence ; après elle vient la puissance qui donne et entretient la vie, et ensuite toutes celles qu’on désigne par des noms symboliques. Il ne faut pas se troubler de ces noms