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giner certains systèmes qui peut-être sont faux, mais qui n’en servent pas moins à expliquer des phénomènes, constater, concilier des faits, et trouver des vérités nouvelles !

Quelle sagacité dans les sciences, pour inventer des méthodes qui prouvent l’étendue des lumières dans les inventeurs, et dont l’utilité est telle, qu’elles guident avec certitude ceux mêmes qui n’en conçoivent pas les principes !

Cependant plusieurs de ces philosophes sont à peine connus ; il n’y a de célèbres que ceux qui ont fait des révolutions dans les esprits, tandis que ceux qui ne sont qu’utiles restent ignorés. Les hommes ne méconnoissent jamais plus les bienfaits que lorsqu’ils en jouissent avec tranquillité.

La gloire du bel-esprit est bien différente. Elle est sentie et publiée par le commun des hommes, qui sont jusqu’à un certain point en état d’en concevoir les idées, et qui se sentent incapables de les produire sous la forme où elles leur sont présentées ; de là naît leur admiration. Au lieu que les philosophes ne sont sentis que par des philosophes, ils ne peuvent prétendre qu’à l’estime de leurs pairs ; c’est jouir d’une considération bien bornée.

Mais pourquoi entrer dans un examen détaillé des occupations qu’on regarde comme dé-