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noissent eux-mêmes la mauvaise foi. Votre sincérité vous en feroit des ennemis irréconciliables, eux qui s’élèvent contre l’amour-propre des auteurs de profession.

Examinons quelles sont les causes de cet amour-propre excessif ; voici celles qui m’ont frappé.

Chez les peuples sauvages la force a fait la noblesse et la distinction entre les hommes ; mais parmi des nations policées, où la force est soumise à des lois qui en préviennent ou en répriment la violence, la distinction réelle et personnelle la plus reconnue vient de l’esprit.

La force ne sauroit être parmi nous une distinction ni un moyen de fortune ; c’est un avantage pour des travaux pénibles, qui sont le partage de la plus malheureuse classe des citoyens. Mais, malgré la subordination que les lois, la politique, la sagesse ou l’orgueil ont pu établir, il reste toujours à l’esprit dans les classes les plus obscures des moyens de fortune et d’élévation qu’il peut saisir, et que des exemples lui indiquent. Au défaut des avantages réels que l’esprit peut procurer suivant l’application qu’on en peut faire dans les diverses professions, le plus stérile pour la fortune donne encore une sorte de considération.

Mais comment arrive-t-il que de toutes les