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par des professions que l’on quitte aujourd’hui pour la leur.

Cependant les gens de condition ont déjà perdu le droit de mépriser la finance, puisqu’il y en a peu qui n’y tiennent par le sang.

C’étoit autrefois une espèce de bonté que de ne pas humilier les financiers. Aujourd’hui qu’ils tiennent à tout, le mépris pour eux seroit, de la part des gens de condition, injustice et sottise. Il y en a tels qui ne se sont pas mésalliés, parce que les gens de fortune n’en ont pas fait assez de cas pour les rechercher.

Tous ceux qui tirent vanité de leur naissance, ne sont pas toujours dignes de se mésallier. Il n’appartient pas à tout le monde de vendre son nom.

Si les raisons de décence ne répriment pas la hauteur des gens de condition à l’égard de la finance, celles d’intérêt les contiennent.

Les plaisanteries sur les financiers, en leur absence, marquent plus d’envie contre leur opulence, que de mépris pour leurs personnes, puisqu’on leur prodigue en face les égards, les prévenances et les éloges. Les gens de condition se flattent que cette conduite peut être regardée comme la marque d’une supériorité si décidée, qu’elle peut s’humaniser sans risque ; mais personne ne se trompe sur les véritables motifs.