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être portés à un certain degré de perfection, sans que beaucoup d’autres soient également cultivés. Il y avoit, sans doute, à la cour de ces rois, comme ailleurs, de petits seigneurs très-importans, faisant du fracas, s’imaginant occuper fort la renommée, avoir un jour place dans l’histoire ; et les maîtres, sous qui ils rampoient, n’y sont pas nommés ! Les antiquaires les mieux instruits de la science numismatique, exercent aujourd’hui leur sagacité à tâcher de deviner en quel pays ces monarques ont régné. Il paroît cependant par le sujet, le goût du travail, les types des médailles, par les légendes qui sont grecques, que ce n’étoit pas sur des peuples ignorés, et que l’époque n’en est pas de la plus haute antiquité. On conjecture que c’étoit en Sicile, en Illyrie, chez les Parthes, etc. Mais l’histoire n’en fait pas la moindre mention.

Cependant plusieurs ne plaignent ni travaux, ni peines, uniquement pour être connus. Ils veulent qu’on parle d’eux, qu’on en soit occupé ; ils aiment mieux être malheureux qu’ignorés. Celui dont les malheurs attirent l’attention, est à demi consolé.

Quand le désir de la célébrité n’est qu’un sentiment, il peut être, suivant son objet, honnête pour celui qui l’éprouve, et utile à la société ; mais si c’est une manie, elle est bientôt injuste,