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CHAPITRE XLVII.

ville, ayant encouru la disgrâce de l’empereur, fut dépouillé de ses biens et exilé. Oppien l’accompagna dans l’île de Mélite, c’est-à-dire de Malte, où on l’avait relégué ; et c’est dans cette retraite qu’il composa ses poëmes didactiques. Il alla ensuite à Rome pour les offrir à Antonin Caracalla, fils de Sévère. L’empereur lui-même fut charmé des vers d’Oppien. Il fit au poëte un présent magnifique, et lui accorda la grâce de son père. Mais Oppien était à peine de retour à Anazarbe qu’il y mourut de la peste, à l’âge d’environ trente ans. Ses concitoyens lui élevèrent un tombeau surmonté d’une statue, et ils firent graver sur le marbre du monument cette inscription un peu emphatique : « Je suis Oppien ; j’ai acquis une gloire immortelle. La Parque jalouse et le cruel Pluton ont ravi à la fleur de son âge l’interprète des Muses. Si j’avais vécu plus longtemps, et si le sort jaloux m’eût laissé sur la terre, aucun mortel n’aurait atteint ma renommée. »


Poëmes didactiques d’Oppien.


Oppien laissait d’assez nombreux ouvrages, et notamment trois poëmes didactiques, un sur la chasse, ou les Cynégétiques, un sur la pêche, ou les Halieutiques, et un sur la manière de prendre les oiseaux, ou les Ixeutiques. Ce dernier poëme n’existe plus ; mais nous possédons les Halieutiques au complet, et il ne manque guère que le cinquième chant des Cynégétiques, qui en avait cinq comme le poëme sur la pêche. Les deux ouvrages d’Oppien ont assez de qualités et assez de défauts pour justifier tous les éloges et toutes les critiques. Un scholiaste, dans son enthousiasme, appelle Oppien un océan de grâces. C’est le plus fleuri des poëtes grecs, comme le remarque avec raison un savant du dix-septième siècle. Mais il faut bien le dire, ces fleurs ne sont pas toujours de très-bon goût, et Oppien semble avoir plus à cœur de les entasser en gerbes que de les disposer en guirlandes. Il y a, dans ses vers, cette exubérance de la jeunesse qui charme et fatigue tout à la fois. La disposition générale des parties de chaque poëme est assez plausible ; mais le poëte revient trop souvent aux mêmes idées, et il reproduit trop souvent,