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CHAPITRE XXXIX. — LITTÉRATURE SICILIENNE.


CHAPITRE XXXIX.

LITTÉRATURE SICILIENNE.


Génie de la Sicile. — Timée l’historien. — Rhinton et l’hilarotragédie. — Théocrite. - Idylles de Théocrite. — Idylles bucoliques. — Les Syracusaines. — Idylles mythologiques. — Épîtres. — Épigrammes de Théocrite. — Jugement sur Théocrite. — Bion et Moschus.

Génie de la Sicile.


La population grecque de la grande ville fondée en Égypte par Alexandre était une agglomération de toute sorte d’éléments divers, sans cohésion, sans unité, un mélange confus de toutes les races, de tous les esprits, de tous les dialectes. L’absence complète d’originalité dans la littérature alexandrine n’a donc rien qui doive beaucoup nous surprendre. Ce n’est qu’au bout de longs siècles que la Grèce d’Égypte prit une physionomie vraiment à elle, qu’elle eut à son tour un génie propre, et qu’elle se proclama à juste titre l’héritière de la Grèce européenne. Mais la vieille Sicile, que nous avons vue jusqu’à présent payer son large tribut aux lettres et à la pensée, n’avait besoin que de se souvenir d’elle-même pour produire encore, au troisième siècle avant J. C., des œuvres vivantes et originales. Elle n’y manqua pas. La poésie, après laquelle couraient en vain les hommes du Musée, ne lui fit pas défaut ; et, pour juger si les études sévères furent encore florissantes chez elle, il suffit de prononcer le grand nom d’Archimède.


Timée l’historien.


Le plus connu des prosateurs siciliens de cette période, à part Archimède, dont nous n’avons pas à nous occuper, c’est l’historien Timée de Tauroménium, que nous ne connaissons pourtant que par le témoignage des écrivains postérieurs. Il avait composé une histoire de la Sicile en plus de quarante livres. Cet ouvrage était remarquable par l’exactitude chro-