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COMÉDIE NOUVELLE.

face de son rival : « Je te prie, lui dit-il, ne rougis-tu pas quand tu remportes sur moi la victoire ? » Mais le consentement unanime de l’antiquité finit par mettre les deux poëtes chacun à sa place : Ménandre au premier rang, Philémon au deuxième, mais à peu de distance du premier, et bien au-dessus de tous les autres poëtes de la Comédie nouvelle. Ceux-ci n’étaient que des hommes de talent, même ceux que les Alexandrins avaient mis dans leur canon, c’est-à-dire. dans la liste des classiques.



CHAPITRE XXXVII.

DEUX PHILOSOPHES POËTES.


Caractère des écrivains athéniens du troisième siècle avant J. C. — Timon le sillographe. — Cléanthe.

Caractère des écrivains athéniens du troisième siècle avant J. C.


Athènes, en disparaissant du monde politique, vit s’éteindre chez elle les dernières lueurs de ce génie littéraire qui avait jeté tant d’éclat durant plus de trois cents années. Elle conserva des écoles florissantes ; elle compta, dans tous les genres, des maîtres habiles ; elle eut des dissertateurs, des glossateurs, des grammairiens, des philosophes estimables : elle ne vit plus, jusqu’au temps de Proclus, ni un poëte, ni un prosateur de quelque renom. Dès le troisième siècle avant notre ère, les philosophes les plus opposés de doctrines, Épicure comme Zénon, et les disciples mêmes du Lycée et de l’Académie, semblent s’accorder sur un point : c’est qu’il faut laisser aux sophistes les vanités du beau style et les futiles recherches du bien dire. Même les mieux doués prennent il tâche d’écrire comme s’ils avaient horreur des succès populaires, et ne s’adressent qu’aux adeptes de leurs doctrines. Ce qui reste d’Epicure est d’une obscurité sibylline et à peu près impénétrable. Zénon, si éloquent et si spirituel dans ses dis-