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PLATON.

a aussi, pour les objets qui ne tombent pas d’eux-mêmes sous les yeux, quelque chose de parfait et d’excellent, dont l’image intelligible sert de modèle à nos imitations : ainsi nous voyons par l’esprit l’image de la parfaite éloquence ; nous en cherchons la copie par les oreilles. Ces formes des choses, Platon les appelle idées… Il dit qu’elles ne naissent point, qu’elles sont de tout temps, et qu’elles sont contenues dans la raison et l’intelligence. Toutes les autres choses, selon lui, naissent, périssent, s’écoulent, disparaissent, et ne restent pas longtemps dans un seul et même état. Par conséquent, tout objet dont on veut disputer avec méthode doit toujours être ramené à la forme suprême, au type du genre dont il fait partie. »


Style de Platon.


Entre tant de formules dont on s’est servi pour faire comprendre ce qu’est le style de Platon, la moins imparfaite est celle de Quintilien, qui laisse pourtant en dehors quelques-uns des plus magnifiques côtés de ce prodigieux écrivain : « De tous les philosophes, dit-il, dont M. Tullius avoue avoir tiré le plus de parti pour l’éloquence, peut-on douter que Platon ne soit le premier, soit par la finesse de la discussion, soit par une faculté d’élocution divine et homérique ? car il s’élève beaucoup au-dessus du style de la prose… Aussi me semble-t-il inspiré non pas d’un esprit humain, mais d’un esprit comme celui qui parlait à Delphes par la voix des oracles. » Notez qu’il n’y a rien, dans les paroles de Quintilien, qui fasse soupçonner cette puissance dramatique que nous avons admirée, ni surtout cette veine comique, cette infinie variété de tons, toutes les qualités enfin par lesquelles Platon ne brillait pas moins peut-être que par la majesté épique et oratoire, ou par l’habileté à triompher dans la dispute. Je n’essayerai pas à mon tour une appréciation qui, pour être plus complète que les autres, risquerait toujours d’être fort défectueuse, à moins d’être développée à l’infini et de sortir des bornes étroites de cet ouvrage. À ceux pour qui Platon est l’inconnu, je ne dirai qu’un mot, mais expressif je