Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
357
ANCIENNE ÉLOQUENCE POLITIQUE.

orateurs siciliens. Dira-t-on que le puissant homme d’État, à l’apogée de sa gloire et de son génie, soit allé se mettre à l’école des nouveaux docteurs ? Ses habitudes connues, la dignité de son caractère, les nobles principes qu’il professa toute sa vie, tout en un mot ne crie-t-il pas que Périclès ne put jamais avoir pour les sophistes que pitié et mépris ?



CHAPITRE XXVI.

SOPHISTES.


Éducation des enfants à Athènes. — Les sophistes. — Doctrines et éloquence des sophistes. — Prodicus. — Polus.

Éducation des enfants à Athènes.


Aristophane introduit, dans la comédie des Nuées, deux personnages fantastiques, le Juste et l’Injuste, qui se disputent entre eux l’honneur de donner leurs leçons au fils de Strepsiade. Le Juste vante l’ancienne éducation et les anciennes mœurs. L’Injuste fait le panégyrique des mœurs du jour et des nouvelles doctrines. Autrefois, selon le Juste, les enfants recevaient chez le maître d’école une instruction simple et solide ; le cithariste, ou maître de musique, ne leur enseignait que des chants mâles et belliqueux ; le pédotribe, ou maître d’exercices, en faisait des hommes adroits, vigoureux, infatigables : « C’est ainsi, dit le Juste, que se formèrent les héros de Marathon. » Il promet à Phidippide, s’il suit les vieux et salutaires exemples, une santé parfaite et un esprit non moins dispos, la poitrine robuste, le teint frais, les épaules larges, la langue réservée. L’Injuste entre en lice contre le Juste, et vante à son tour ce qu’il sait faire. Tout se résume en quelques mots : enseigner à jouir de la vie. Mais la vertu dont l’Injuste est surtout fier, c’est l’art d’en imposer aux hommes : « Les philosophes, dit-il, me nomment l’Injuste, parce que le premier j’ai imaginé les moyens de contredire la justice et les lois ; mais c’est chose qui vaut des sommes d’or