Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
CHAPITRE XVIII.


CHAPITRE XVIII.

ESCHYLE.


Vie d'Eschyle. — Tragédies d'Eschyle. — Drames satyriques d'Eschyle. — Génie lyrique et dramatique d'Eschyle. — Poésie d'Eschyle.

Vie d’Eschyle.


Eschyle naquit en l’an 525 à Éleusis, ce dème ou bourg de l’Attique où Cérès avait le plus fameux de ses temples. Il était frère des deux héros Cynégire et Aminias, célèbres dans les récits des guerres Médiques. Il combattit lui-même, et en brave, à Marathon, à Salamine et à Platées. À Marathon, il fut blessé ; et, dans l’épitaphe qu’il fit pour son tombeau, il oublia le poète, et ne se souvint que du soldat : « Ce monument couvre Eschyle fils d’Euphorion. Né Athénien, il mourut dans les plaines fécondes de Géla. Le bois tant renommée de Marathon et le Mède à la longue chevelure diront s’il fut brave : ils l’ont bien vu ! »

A l’époque où Eschyle combattait à Marathon, il avait trente-cinq ans, et il s’était déjà fait un nom au théâtre. Il avait lutté, six ans auparavant, contre Pratinas, et il n’avait pas eu le dessous. Cette première victoire fut suivie de douze autres victoires. Il n’y a donc pas à se lamenter, comme font quelques-uns, sur l’injustice des Athéniens envers leur grand poëte. Cinquante-deux pièces d’Eschyle ont été couronnées. « Je consacre mes tragédies au temps ; » ce mot d’Eschyle n’est point une récrimination à propos de quelque échec non mérité peut-être, mais seulement l’expression du juste orgueil d’un homme qui avait conscience de son génie.

Eschyle, trois ans avant sa mort, c’est-à-dire vers l’an 460, quitta Athènes, et se retira en Sicile. L’enthousiasme des Siciliens pour la grande poésie explique suffisamment et le départ d’Eschyle, et son séjour prolongé dans un pays où il