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CHAPITRE II. LA POÉSIE GRECQUE AVANT HOMÈRE.


CHAPITRE II.

LA POÉSIE GRECQUE AVANT HOMÈRE.


Caractère des chants primitifs. — Le Linus. — Le Péan. — L’Hyménée. — Le Thrène. — Aèdes piétiens. — Orphée. — Musée. — Les Eumolpides. — Autres aèdes religieux. — Aèdes épiques. — Thamyris. — Phémius. — Démodocus.

Caractère des chants primitifs.


Bien des braves ont vécu avant Agamemnon, bien des poëtes aussi ont chanté avant Homère. Il n’est pas impossible de retrouver quelques traces de cette poésie ; des noms même ont surnagé, portés par la renommée sur les ténèbres des âges.

Les premiers poëtes, en Grèce, ou, pour me servir du seul mot connu d’Homère, les premiers chantres, les premiers aèdes furent des prêtres ; la première forme de la poésie fut un hymne, un chant religieux. Je ne dis pas qu’on n’eût jamais chanté avant qu’il y eût des aèdes : le chant et la musique sont contemporains de la parole même, et de l’existence de l’homme en ce monde. Mais il ne s’agit ici que de ce que les anciens nommaient les œuvres de la Muse ; il ne s’agit que des chants inventés ou tout au moins façonnés par les aèdes. Durant de longues années, aède et prêtre, c’est tout un. Plus tard, les aèdes eurent leur vie propre : c’étaient des artistes travaillant pour le peuple, des démiurges, suivant la forte expression d’Homère. Ils chantaient encore les dieux, mais ils célébraient surtout les exploits des héros.


Le Linus.


Les peuples du nord, dans leurs climats brumeux, ne connaissent guère le printemps que par sa date astronomique et par les descriptions des poëtes. En Grèce, le printemps est une réalité de chaque année. Mais aussi la saison de la