Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
LYRIQUES ÉOLIENS.

pandre, Lesbien d’Antissa, l’inventeur de la lyre à sept cordes, le fondateur du système musical des Grecs, le père de la poésie lyrique. Tout ce qu’on sait de la vie de ce musicien fameux prouve que ses contemporains le tinrent en haute estime ; et son renom ne fit que s’accroître après sa mort. Ses voyages dans la Grèce continentale ne furent que des triomphes. Il charma les Lacédémoniens par ses chants. Il l’emporta sur tous ses rivaux, dans les fêtes d’Apollon Carnius, la première fois qu’y furent convoqués les aèdes. Aux luttes musicales de Pytho, il fut quatre fois de suite couronné vainqueur. Il ne reste rien de ses poésies, sinon quelques vagues souvenirs épars çà et là dans les auteurs, quelques rares citations, deux vers entre autres où Terpandre lui-même se fait gloire d’avoir perfectionné le luth d’autrefois : « Pour nous, dédaignant le chant à quatre sons, nous ferons retentir des hymnes nouveaux sur la phorminx à sept cordes. »


Musique grecque.


La musique ancienne affectait, comme la moderne, des caractères fort différents, selon la diversité des sentiments qu’il s’agissait de faire naître dans les âmes. Les Grecs désignaient chacun de ces caractères par des expressions distinctes, entre lesquelles trois surtout sont fameuses, à savoir celles de mode dorien, de mode phrygien et de mode lydien. Le mode dorien, le vrai style national, était le plus sérieux et le plus grave, et, comme dit Aristote, le plus calme et le plus viril. Le mode phrygien, né dans le culte orgiastique des Corybantes, avait quelque chose de violent, de passionné et de criard, propre à l’expression de l’enthousiasme et même du délire. Quant au mode lydien, il avait les notes plus élevées que le dorien et le phrygien, et il allait mieux aux voix féminines. Plus doux et plus faible que les deux autres, il admettait aussi une plus grande variété d’expression, tantôt triste et mélancolique quelquefois joyeux et plaisant. Aristote, qui a donné, dans sa Politique, de judicieux préceptes sur l’emploi de la musique dans l’éducation, considère le mode lydien comme particulièrement propre à la