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CHAPITRE VIII. SUITE DE LA POÉSIE ÉLÉGIAQUE.

Dorien Théognis, écrivant à Mégare ou à Thèbes, c’est-à-dire dans des villes doriennes, se conforma au commun usage, et si complètement, que tous les efforts du monde ne sauraient établir une sensible différence entre son dialecte et celui des poëtes élégiaques nés dans les villes ioniennes, et écrivant pour des Ioniens.



CHAPITRE IX.

POÉSIE CHOLIAMBIQUE. PARODIE. APOLOGUE.


Hipponax. — Ananius. — Apologue. — Ésope. La Batrachomyomachie.

Hipponax.


Hipponax était célèbre, dans l’antiquité, pour avoir fait subir au vers ïambique sénaire ou trimètre, une modification importante, et pour avoir inventé un nouveau genre de poésie. Le vers sénaire, tel que l’avaient employé Archiloque, Simonide et Solon, et tel qu’il est resté dans la poésie dramatique, a pour le moins trois ïambes, un au second, un au quatrième et un au sixième pied : l’ïambe final est surtout de rigueur. Hipponax imagina de remplacer cet ïambe final par un spondée, et de donner au vers, par cette altération, une marche brisée et irrégulière, je ne sais quoi de heurté et de sarcastique, parfaitement approprié à la satire. On donnait à ce vers mutilé le nom de choliambe, ou d’ïambe boiteux, et celui aussi de trimètre scazon, qui a le même sens.

Le genre nouveau dont on attribuait l’invention à Hipponax est la parodie, ou ce que nous nommons le poëme héroï-comique. C’est lui, dit-on, qui le premier fit servir les nobles formes et le langage solennel de l’épopée à la peinture de caractères grotesques, d’événements ridicules, de sentiments vulgaires. Il ne reste des satires épiques d’Hipponax qu’un court fragment ; et les fragments de ses satires choliambiques,