Page:Pierre de Fenin - Mémoires.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions politiques de l’historien. Il les laisse deviner plutôt qu’il ne les confie. Ainsi, son opposition au parti dauphinois, qui nulle part n’est formellement exprimée, se révèle par une seule phrase où, parlant du conseil de Charles VII, qui ne vouloit pas exposer la personne de ce prince aux chances hasardeuses d’une bataille, il dit que ce conseil envoyoit « tousjours leur Roy » dans un autre lieu. Entre les divers partis qui désolent la France, Dauphinois, Bourguignons, Anglois, il tient la balance suspendue et dispense tour à tour l’éloge et le blâme avec une impartialité bien voisine de l’indifférence. Cette modération de langage et de pensée que nous signalons chez l’écrivain ne peut-elle pas servir à prouver qu’il composoit ces Mémoires long-temps après l’accomplissement des faits qui y sont rappelés, et lorsqu’avoient disparu les derniers symptômes de cette fureur du parti qui, au temps de la mort de Fenin, divisoit encore la France en deux factions ennemies ?

D’autre part, cette impartialité même, dont aucun autre chroniqueur de l’époque ne fourniroit un second exemple, jointe à l’absence totale, dans ces Mémoires, de ces particularités que l’on trouve chez tous les historiens lorsqu’ils viennent à parler de faits que leur position sociale les a mis à portée d’étudier par eux-mêmes, ne sont-ce pas là de nouvelles et fortes probabili-