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dist : « Monseigneur d’Orliens, faictes ce que monseigneur vous requiert. » Adonc, le duc d’Orliens fist le serment de entretenir la paix, ainsi que contre sa voulenté le duc Jean de Bourgoingne avoit rompu la paix qui avoit esté faite à Aussoire[1]. Après ce que le duc d’Orliens eut fait ce serment, monseigneur de Guyenne fist apeler[2] monseigneur de Bourbon, lequel cuida fere[3] de parolles comme avoit fait monseigneur le duc d’Orliens. Et le duc de Guyenne luy dist en brief : « Biau cousin, je vous prie que n’en parlés plus. » Adonc fist le duc de Bourbon serment de tenir la paix. Après ce, le fist le duc de Bar et pluseurs autres grans seigneurs, sans y mectre contredit, de cy a tant que on apela[4] l’archevesque de Sens[5], lequel estoit frère de Montagu ; et quant il vint devant monseigneur de Guyenne, on luy dist qu’il failloit qu’il jurast la paix ; lors il s’enclina et dist à monseigneur de

  1. Le manuscrit de Tieulaine porte Auxerre. Monstrelet (III, 252) écrit Pontoise. Il est probable que c’est de cette dernière paix, enfreinte par le duc de Bourgogne, que le duc d’Orléans entendoit parler.
  2. Hucher. (Ti.)
  3. Faire attarge. (Ti.)
  4. Hucha. (Ti.)
  5. Jean de Montagu, archevêque de Sens, étoit frère de Jean de Montagu décapité en 1409. Il fut tué à la journée d’Azincourt. Ce n’étoit pas la première fois que cet évêque guerrier s’étoit fait remarquer dans une bataille. En 1411, lorsque le duc de Bourgogne chassa le duc d’Orléans de la ville de Saint-Denis, Jean de Montagu avoit pris parti pour les princes confédérés, et « non point, dit Monstrelet (II, 270), en estat pontifical, car en lieu de mitre il portoit ung bacinet en sa teste, pour dalmatique portoit le haubert dont il estoit vestu, pour chasuble plates d’acier, et en lieu de croce portoit une hache. »