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son caractère asiatique. Ainsi l’entière région égéenne participe de la nature méditerranéenne. Partout même ciel harmonieux, même atmosphère légère et transparente, même lignes gracieuses, mêmes vents réglés, même courants dessinant sur les eaux les « sentiers humides » dont parle Homère. Les premiers Hellènes se trouvèrent là comme baignés d’harmonie. Autour d’eux, dit Crozals, « rien ne sortait violemment de l’ordre ». Ils s’en éprirent et s’en pénétrèrent. Cependant tout cela n’eût pas suffi, sinon très lentement, à édifier une civilisation si parfaite. Il y eut encore un élément précurseur qui apporta la matière première ; ce fut la Crète et point la Phénicie, comme on l’a cru longtemps. La Crète passa, vers l’an 3000 av. J.-C. de la période de la « pierre polie » à celle de la métallurgie. Cette classification, on le sait, se base sur la nature de la matière qui fournit à l’homme ses ustensiles, ses armes, ses parures primitives. Chez tous les peuples, mais à des dates différentes, l’âge des métaux succédant à celui de la pierre marqua l’étape la plus importante dans la voie du progrès. Le nord de la région égéenne en était encore à ce stade de début que déjà, s’élevaient en Crète les palais du roi Minos rappelant ceux des Pharaons, avec lesquels les chefs crétois furent en relations dès l’an 2500. Il y a encore beaucoup de mystères autour de ce peuple. Nous savons pourtant qu’il connaissait l’écriture et que son langage était compris dans tout l’archipel. Avant l’apparition des Hellènes, avant même les premières croisières des Phéniciens, la mer Égée fut sillonnée par les marins crétois et sur ses bords naquirent des cités vassales de la Crète et commerçant avec elle.