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ont suivi, messieurs les absents. Ah ! la campagne n’est pas bonne pour vous et vous voulez qu’elle le soit pour eux ; vous venez à la ville et vous voulez qu’ils restent là-bas, quand la facilité du transport et des rêves de prospérité qui auraient eu raison de bien des cerveaux plus solides, les attirent au loin ; que faites-vous pour les retenir ? Quelques aumônes que distribue votre régisseur ; quelques réformes dans l’administration de la commune, des prix annuels aux enfants de l’école, quelque poste aux lettres qui vous est commode et qu’ayant eu le crédit de faire établir, vous leur rappelez sans cesse au moindre ennui qu’ils vous causent, en leur disant d’un air outragé : « moi qui ai été si bon pour vous ! » Vous à qui l’argent et un peu de bonne volonté faciliteraient tant ces choses, de quelles distractions pour les jeunes gens avez-vous pris l’initiative ? Quelles sociétés de secours avez-vous fondées ?… Et quelles sont les femmes, si elles ne passent que deux mois à la campagne, qui peuvent connaître les visages, retenir le chemin des chaumières et soigner les malades et consoler les malheureux ?… Les intentions de la châtelaine sont excellentes en arrivant ; puis les amis viennent, le temps passe : on remet de jour en jour et en partant on croit s’acquitter en laissant un peu plus d’argent qu’à l’ordinaire… De l’argent, ils le prennent et ils grognent ! appelez-les ingrats, si vous l’osez !

D’autres font de leurs habitations, de vrais joujoux ; ils s’en amusent ; ils jouent aux châtelains d’avant 1789 ; ils se délectent à faire revivre de vieilles coutumes, à poser des premières pierres avec des truelles enrubannées, à se faire présenter l’eau bénite à l’église, si le curé se prête