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universités transatlantiques.

sommeil, peut-être ! Au centre, dans un bureau circulaire, un vieux monsieur à l’air honnête surveille les bouquins et fait des comptes interminables ; beaucoup de revues françaises et étrangères.

Sur les arbres, de grandes affiches annoncent un concert donné par le Banjo Club ; il paraît que ces guitaristes ne manquent pas de talent ; …d’autres avis, des annonces, s’étalent de tous côtés. Les étudiants vont et viennent ; à les voir ainsi menant leur existence de chaque jour, ils ont l’air très complets ; leurs muscles sont faits de bons matériaux comme leurs costumes ; il y a là tout ce qu’il faut ; seulement ils portent leurs muscles aussi mal que leurs costumes ; ils sont propres et ils ont l’air sales ; ils sont polis et ils ont l’air malhonnêtes. Et soudain l’Amérique m’apparaît sous la forme d’un grand corps dégingandé dans lequel la sève bouillonnante remonte et descend sans cesse, comme si elle se heurtait à des conduits obstrués. Plus tard, dans les universités où l’on se pique d’avoir de belles manières, on m’a dit du mal de Princeton ; on m’a dit que tout y était brutal, rough, que c’étaient des fils de fer-