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sur la côte de californie.

table influenza, sur les deux rives de l’Atlantique, dans le vieux monde comme dans le nouveau. Les agences d’émigration de Bordeaux et de Paris n’étaient pas les moins actives et, vers 1851, il y avait tout près de 8 000 Français en Californie. Disséminés dans les campements miniers, où d’abord ils avaient été accueillis comme de bons et joyeux compagnons, leur présence n’avait pas tardé à susciter des jalousies et des rivalités haineuses. Mal protégés, parce que leur esprit de retour demeurait intense et les empêchait de demander la naturalisation, ils finirent par être en butte à l’hostilité des Américains qui les chassèrent brutalement des mines.

Le comte de Raousset-Boulbon se mit à leur tête. Il était lui-même un naufragé de la vie et avait passé, en Californie, par les plus durs métiers. Coureur d’aventures plus que de dollars, ambitieux de gloire plus que de richesse, il entrevit la possibilité de venir en aide à ses compatriotes malheureux, tout en dotant la France d’une colonie nouvelle. Il s’agissait de la Sonora à laquelle on attribuait, à tort ou à raison, un sous-sol minier d’une grande étendue. En tout cas, ces mines existaient, car leur exploitation n’avait cessé qu’avec la domination indienne.

Raousset-Boulbon se rendit à Mexico et, appuyé par le ministre de France et par une puissante maison de banque, il acquit à ses vues le président Arista. Revenu à San Francisco, il y organisa son expédition et, le 10 juin 1852, il débarquait à Guaymas avec 250 Français. Dans l’intervalle, les intrigues de l’Angleterre avaient arraché au président du Mexique