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souvenirs d’amérique et de grèce.

fallut évacuer Los Angeles et Santa Barbara, et le général Kearny, qui venait d’accomplir en se promenant la facile conquête du Nouveau-Mexique, se fit battre par les insurgés. Les Américains étaient évidemment les plus forts ; ils n’eurent pas de peine à reprendre Los Angeles et le bon sens leur dicta ensuite une amnistie générale. Mais les haines de races étaient nées ; jusqu’en 1858 elles devaient occasionner des crimes dans les comtés du Sud et la guerre sociale ne devait plus cesser qu’après la disparition définitive des vaincus. Ils avaient perdu leur indépendance, ils allaient perdre leurs fortunes. Les vastes domaines qu’ils tenaient de la métropole avaient des limites vagues et la propriété en était fixée par des titres incomplets. Le flot montant des émigrants empiéta sur eux : des procès sans nombre s’engagèrent. Ils les perdirent ou se ruinèrent pour les gagner et bientôt il n’y eut plus pour eux d’autre alternative que de quitter le pays ou de tomber dans la misère. Quelques-uns de leurs descendants y sont encore.

Et soudain, comme la Californie cherchait à se pacifier et à s’organiser, le cyclone de l’or éclata. Nulle météorologie n’avait pu le prévoir. Le 19 janvier 1848, un ouvrier qui travaillait à la construction d’une scierie hydraulique à Coloma, dans la région de Sacramento, trouva les premières pépites. Il les porta à San Francisco[1] où elles furent exposées aux

  1. Yerba Buena avait reçu officiellement, l’année précédente, le nom de San Francisco et ne comptait encore que fort peu d’habitants.