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souvenirs d’amérique et de grèce.

rient, dorment, et les jours de grand travail font la besogne d’un adolescent du Nord et s’en croient épuisés !

Volontiers, ils dansent, mais surtout ils processionnent en l’honneur de saint Spiridion ou de quelque autre saint local invoqué et vénéré. Ces processions sont de vraies fêtes populaires dont les premiers rangs à peine donnent l’impression d’un culte spiritualiste, mais dont l’aspect général est celui d’un joyeux cortège en l’honneur de la matière et de la vie. Il est drôle de les voir circuler dans les villages de l’île, vrais labyrinthes de plâtre à travers lesquels la route se faufile si bien que le voyageur la perdrait en un instant de distraction. Les maisons blanches sont disposées au hasard, tournées dans tous les sens, présentant tantôt un pignon, tantôt un semblant de façade ou un embryon de terrasse, et partout des escaliers qui montent, qui descendent, de petits balcons étroits, des tournants brusques, des passages voûtés La procession s’engage dans ce dédale ; les bannières s’inclinent, les files se resserrent, les chants s’éteignent et se ravivent, et la foule fait un brouhaha qui voudrait rester discret et qui est celui d’une foire de banlieue un dimanche de beau temps. La religion est ici plus italienne, plus théâtrale ; on n’a pas, comme dans la Grèce continentale, la notion d’un sentiment vrai, d’une émotion sincère ! Oh ! cette nuit de Pâques à Athènes, comme elle est noble et sainte ! Ni le commerce des agneaux, ni la consommation des œufs rouges, ni l’amusement des petits cierges qui s’allument soudainement,