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la préface des jeux olympiques.

foot-ball : citius, fortius, altius : plus vite ― plus fort ― plus haut. Ils forment un programme de beauté morale. L’esthétique du sport est une esthétique immatérielle.

Les Grecs qui idéalisaient toute leur existence nationale, leurs pensées et jusqu’aux premiers faits connus de leur histoire, idéalisèrent l’athlétisme. Par cela même que l’athlète, à leurs yeux, accomplissait de grandes choses, il devait être représenté sous les traits les plus parfaits, de même que l’athlétisme devait trouver son origine dans quelque divine légende. Olympie, disaient-ils, avait été consacrée par les dieux : Jupiter y avait lutté contre Saturne, Apollon y avait vaincu Hermès à la course et Arès au pugilat. Hercule, après avoir triomphé d’Augias, roi d’Elis, y avait célébré pour la première fois les Jeux Olympiques. Cela, c’est le rayon de poésie dont le génie grec dorait invariablement les institutions populaires : il serait oiseux de chercher dans ces récits l’ombre d’une tradition ; il serait absurde de leur attribuer un rôle quelconque dans la création et le développement des Jeux Olympiques.

Les Jeux Olympiques sont nés parce que le germe de l’athlétisme existait en Grèce, en vertu de Dieu sait quelle loi mystérieuse de physiologie ou de quel principe insondable d’hérédité ; et du moment que ce germe existait, ils ne pouvaient pas ne pas naître. Le sport n’est pas naturel à l’homme ; il ne faut pas le confondre avec la perfectibilité musculaire ; ce sont deux choses absolument différentes. Tout animal est susceptible d’acquérir une certaine dose de vigueur,