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la préface des jeux olympiques.

nom d’un héros ; l’Acropole d’Athènes redisait l’histoire d’une cité glorieuse entre toutes ; mais Olympie symbolisait une civilisation entière, supérieure aux cités dont elle avait apaisé les querelles, — supérieure aux luttes armées qu’elle avait interrompues souverainement, — supérieure à la religion même qu’elle subordonnait au culte de la jeunesse, à l’avenir de la race. Quand une héroïque rébellion eut forcé l’Europe à songer aux Grecs, à la suite des soldats français qui descendirent en Morée, apportant un précieux mais tardif secours, vinrent des savants : ils étaient organisés en mission officielle à l’instar de celle qui avait suivi Bonaparte en Égypte. Tout de suite Olympie fixa leurs recherches ; ils réussirent à dégager le temple de Jupiter. Les Allemands, plus tard, exhumèrent toute la ville : ils y dépensèrent six ans d’efforts et un million de francs, sans profit apparent pour leur pays, puisque cette fois pas un fragment de marbre ne sortit de Grèce. Mais l’Allemagne estima que ce n’était pas payer trop cher l’honneur de rendre Olympie au monde. On put, dès lors, circuler dans la cité sainte où Pausanias servait de guide. N’avait-on pas déterré l’Hermès de Praxitèle à l’endroit même que désignait sa relation ? Les monuments se dessinaient sur le sol dans l’ordre indiqué par lui, leurs colonnes en ruines, leurs chapiteaux brisés, leurs bas-reliefs mutilés gisant à l’entour.

Olympie était retrouvée, mais les Jeux Olympiques, pourrait-on les rétablir ? L’heure approchait où la chose deviendrait possible. Jusque-là elle ne l’avait pas été. Pendant des siècles on n’a point su ce que