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pédagogie sportive

mais il arrive à prolonger magnifiquement la durée de sa résistance ce qui le rend capable d’opérer des sauvetages inespérés. ▬ Les lois psycho-physiologiques de la natation demeurent mystérieuses : la pratique y contredit la théorie ; l’action presque foudroyante de la peur y reste scientifiquement inexplicable. ▬ Le mécanisme varie selon la constitution individuelle et les particularités corporelles de chacun mais la brasse ordinaire en demeure l’alpha et l’oméga. ▬ Des exercices préliminaires à sec sur le chevalet peuvent-ils aider l’apprentissage ? Oui, mais dans une faible mesure[1] ; ils servent davantage à entretenir l’acquis et constituent d’ailleurs une excellente gymnastique quotidienne.

En matière d’aviron, on oppose parfois le matelot au « canotier ». L’opposition est erronée ; « plumer » et « souquer » ne diffèrent pas tant qu’on le croit. Dans les deux cas, l’homme attaque, tire et dégage et c’est la même alternance régulière de mouvements déterminés provoquant l’action successive des muscles des bras, des jambes, de l’abdomen et du dos[2] et en exigeant des efforts à la fois précis et nuancés, durs et moelleux ; physiologiquement, l’aviron est un sport de la plus rare perfection, en couple du

  1. Surtout en habituant à des mouvements ralentis ; dans l’eau, le débutant les précipite et les dessine mal.
  2. Ce qui diffère c’est la résistance ; ce sont aussi les aides, bancs, portants, avirons. En mer, le remous fait parfois le vide sous l’attaque et force de « nager à l’embellie », c’est-à-dire dans l’intervalle des lames ; il diminue en tout cas la prise, la rend moins stable. L’allonge du corps n’est pas possible au même degré qu’en rivière et l’embarcation plus robuste est à plus hauts bords et sans portants extérieurs.