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histoire des exercices sportifs

Varus, de l’introduction des tournois en Allemagne, de la célébration du dernier tournoi et de la création récente du Turnplatz[1]. Ce symbolisme, ridiculisé en haut lieu, plut aux masses et gagna de proche en proche. Mais en 1819 l’assassinat de Kotzebue par un membre d’un Turnverein détermina une réaction violente des pouvoirs publics jusque-là plutôt bienveillants. Jahn fut arrêté et les Turners abolis. Ils se reconstituèrent vingt-deux ans plus tard, en 1842. À partir de 1860 le mouvement s’accentua. Au festival de 1861, à Berlin, 6.000 gymnastes participèrent et 20.000 en 1863 à celui de Leipzig[2]. La nature des exercices pratiqués évoluait aussi. Jahn appelait le Turnplatz « un lieu de contestations chevaleresques ». La course, le saut, la lutte, le travail des poids y étaient habituels. Peu à peu, sous l’influence d’Ad. Spiess qui enseigna de 1830 à 1848, à Giessen, puis à Darmstadt, les mouvements d’ensemble s’implantèrent et se répandirent parmi les Turners. Mais l’esprit général resta ce que Jahn avait voulu qu’il fût : énergique et rude, sportif par conséquent.

Très différentes étaient les caractéristiques de l’œu-

  1. La figure de Ludwig Jahn est une des plus caractéristiques de l’Allemagne moderne dont il fut le précurseur et l’artisan. Son dernier écrit daté des environs de 1848, contenait ces lignes suggestives et révélatrices ; « L’unité de l’Allemagne a été le rêve de ma première enfance, la lumière matinale de mon adolescence, la splendeur ensoleillée de mon âge viril ; elle demeure l’étoile du soir qui guide encore mes pas au seuil de l’éternel repos. »
  2. C’est alors que fut fondée la Deutsche Turnerschaft dont les 15 divisions régionales englobèrent l’Autriche et atteignirent en 1914 un effectif de 1.456.000 membres dont 68.000 femmes.