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action morale et sociale des exercices sportifs

à l’autre. Il faut la chercher dans l’absence de contact organisé entre eux et dans les préjugés dont le premier continue de s’embarrasser concernant le choix de ses sujets. À cette méfiance de la ligne qui, aujourd’hui, entrave si volontiers les envolées du peintre et du sculpteur se joint le penchant à traduire des impressions compliquées et inhabituelles, des rêves hésitants ou imprécis. Or l’athlète est la plus concrète des réalités ; chacun de ses mouvements s’affirme avec une netteté autour de laquelle le pinceau ni le ciseau ne sauraient biaiser ou s’attacher à créer du doute.

Mais d’une part, les événements contemporains tendent à rendre aux réalités le prestige qu’elles n’avaient plus et, de l’autre, le corps humain recèle tant de beauté que, malgré lui, l’artiste s’y laisse ramener lorsque des exemplaires parfaits lui sont présentés. Tout se réduit donc, en fin de compte, à une question de rencontre. Où se rencontrer ?… Les salles d’armes ou de boxe n’y étaient point propices, le gymnase guère davantage surtout alors que l’habitude y persistait de vêtements inutiles. Mais maintenant que nous avons le stade, il semble qu’il soit facile d’y inviter les artistes. Sans doute ne tarderont-ils point à en découvrir le chemin. Il serait quand même opportun de les y appeler et surtout d’y faciliter leurs études… de les encourager aussi. Pourquoi des expositions d’art sportif n’accompagneraient-elles pas les manifestations musculaires dont les athlètes, pendant l’entraînement, auraient servi de modèles ?…