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pédagogie sportive

intervient sous trois formes dont l’importance varie selon l’âge du sujet. Le plus grand service que le sport puisse rendre à la jeunesse, c’est d’empêcher chez elle le vagabondage de l’imagination et de la maintenir non dans l’ignorance mais dans l’indifférence à l’égard de ce qui menace d’éveiller en elle un sensualisme prématuré. On fait intervenir à tort ici des considérations climatologiques ou ethniques dont l’influence est minime. La nature a disposé sagement que l’éveil des sens, chez l’éphèbe, serait tardif mais la nature est contrariée de trois manières sur ce point par la civilisation laquelle tend d’abord à imposer à l’éphèbe une existence trop sédentaire, ensuite lui inflige le redoutable contact d’une littérature imprégnée d’érotisme et enfin ne lui fournit pas le moyen de satisfaire son désir normal d’affirmer sa virilité prochaine en imitant l’adulte qu’il est pressé de rejoindre[1]. Cette hâte est de tous les temps. Autrefois elle pouvait se satisfaire par la guerre. Mais le monde moderne, en régularisant le militarisme et en fixant l’âge d’admission au régiment, a mis fin à ces engagements prématurés et aventureux. Il ne resterait donc que l’amour s’il n’y avait le sport qui, en permettant à l’adolescent de se comparer à l’homme, le passionnera sainement et constituera l’aliment rationnel de son imagination.

Que si nous passons maintenant à l’adulte, un point de vue nouveau apparaît. Il faut à celui-ci une certaine dose de volupté et la volupté, ce n’est pas

  1. Nous renvoyons les lecteurs à la Revue Olympique d’août 1910 (Un sujet scabreux et oiseux), de mars 1911 (La crise évitable) et d’octobre 1913 (Le sport, passeport de vertus).